đšđłđ§đŒâđł Les meilleurs shows sur la cuisine chinoise
Update 12/02 : je suis retombĂ© sur cet Ă©pisode de Huangâs World Ă Shanghai (produit par Vice avec Eddie Huang) et regrette de pas lâavoir inclus dans cette liste. Voici chose faite.
Si la cuisine chinoise tâintĂ©resse (vraiment), jâai sĂ©lectionnĂ© 5 sĂ©ries documentaires qui mĂ©ritent ton temps, quelque soit ton niveau de connaissance.
Il faut avoir conscience que les Ă©missions avec un focus sur la cuisine chinoise, traduites et facilement accessibles depuis la France, sont rares. Et je ne parle pas du dernier sujet dâEnquĂȘte dâaction sur les âcoulisses du business des buffets Ă volontĂ© chez les traiteurs asiatiquesâ (avec la voix-off).
Pour les curieux, il faut plutĂŽt regarder du cĂŽtĂ© des pays anglo-saxons (UK, US) et de plus en plus la Chine. Depuis une dizaine dâannĂ©es, on voit dĂ©barquer une nouvelle vague de shows qui reprennent les codes de storytelling Ă la Netflix & co pour mettre la lumiĂšre sur la cuisine chinoise, Ă travers les rĂ©gions, les gens et le savoir-faire traditionnel. Un nom revient souvent : le rĂ©alisateur Chen Xiaoqing (éæćż). PassĂ© par CCTV (les 2 premiĂšres saisons de âA bite of Chinaâ) et dĂ©sormais chez le gĂ©ant de la tech Tencent (âLâorigine des saveursâ, âBreakfast Chinaâ), il est associĂ© presque Ă tout ce qui fait de mieux en matiĂšre de documentaire culinaire en Chine ces derniĂšres annĂ©es.
Bien que les productions chinoises aient pour ambition de sâexporter de plus en plus, elles sâadressent avant tout Ă un public chinois et par consĂ©quent pas toujours super accessibles pour une audience Ă©trangĂšre en manque de repĂšre culturel et gĂ©ographique. On est pas devant une recette Reels de 30 secs sur insta ou un vlog de bouffe sur Youtube, hein. Et tant mieux.
Assez de bla bla mais quelques ordres de grandeurs avant de sâattaquer Ă lâogre : la Chine fait 17 fois la France, un peuple relativement homogĂšne mais culinairement trĂšs distinct. Il arrive souvent que 2 villages voisins nâont pas le mĂȘme dialecte et ne prennent pas le mĂȘme petit dej. Je tâĂ©pargne le discours sur les â8 cuisines rĂ©gionalesâ et tout. Si tu penses bien connaitre la cuisine chinoise, rĂ©flĂ©chis-y 2 fois.
On dĂ©colle ? đ
Anthony Bourdain : Parts Unknown (2014)
đ€ Pourquoi : Pour les punchlines et lâhumilitĂ© dâAnthony Bourdain et parce quâil fĂ»t lâun des rares chefs occidentaux Ă sâintĂ©resser Ă la cuisine chinoise.
đș OĂč regarder : sur Bilibili (une plateforme de vidĂ©o chinoise), en anglais uniquement. A voir aussi lâĂ©pisode sur HongKong et Shanghai (avec sous-titres anglais !)
đ Un Ă©pisode pour commencer : LâĂ©pisode sur le Sichuan avec lâexcellente Fushsia Dunlop dont jâai adorĂ© le livre
đ€© Note : âïž âïž âïž âïž
Nourri dâun certain chauvinisme, jâsuis toujours un peu rĂ©ticent Ă lâidĂ©e de voir une Ă©mission Ă©trangĂšre parler de cuisine chinoise. Sans doute parce que jâai vu trop de fois des prĂ©sentateurs qui dĂ©barquent en mode touriste Ă Beijing ou Shanghai et sâĂ©merveiller devant le canard laquĂ© ou les xiao long bao tout en balançant quelques commentaires banals.
Mais lorsque câest pertinent, câest hyper intĂ©ressant dâavoir un regard dâextĂ©rieur qui expose des contradictions ou compare des coutumes qui Ă©chapperaient Ă la plupart des locaux. Non pas que je me considĂšre comme un local mais jâavais ressenti un moment dâeye-opening lorsque que jâai lu le livre de Fuschia Dunlop sur ses premiers pas Ă Sichuan dans les annĂ©es 90.
Et jâai un peu retrouvĂ© ça dans les Ă©missions dâAnthony Bourdain. Lui, chef un peu bad boy quâon ne prĂ©sente plus, a sillonnĂ© le globe et a mis ses pieds dans presque tous les grands restaurants qui existent. MalgrĂ© cela, je lui trouve une grande humilitĂ© et une joie sincĂšre Ă bouffer tout ce qui lui tombe sous la bouche : des tĂȘtes de lapin Ă©picĂ©es dans le Sichuan (un snack trĂšs populaire), des huĂźtres au champagne Ă Shanghai (avec un milliardaire) ou Ă la recherche du monde de Wong kar wai Ă Hong Kong (un peu clichĂ©, I know).
Mais on regarde aussi Bourdain pour son appĂ©tit culturel et ses punchlines. Et ça, ça nâa pas de prix.âThat resistance, that
boing
, that rubberiness, elasticity â itâs kind of the last frontier for Western palatesâ
- Anthony Bourdain, aprĂšs avoir manger un concombre de mer Ă Chengdu.
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Lâorigine des saveurs / éŁćłćäș§ć° (2019)
đ€ Pourquoi : la seule Ă©mission avec des sous-titres en français !
đș OĂč regarder : sur Netflix
đ Un Ă©pisode pour commencer : celui sur le âYushengâ(鱌ç), le sashimi Ă la chinoise consommĂ© depuis des siĂšcles dans la rĂ©gion de Chaoshan. Une merveille !
đ€© Note : âïž âïž âïž âïž
Voici THE Ă©mission Ă ne pas rater pour tous ceux qui nâont pas fait LV1 anglais. Le format de lâĂ©mission est assez simple : chaque saison est focus sur une rĂ©gion et chaque Ă©pisode parle dâun plat ou dâun ingrĂ©dient local.
Les 3 rĂ©gions abordĂ©es sont relativement inconnue en France et pour ĂȘtre honnĂȘte, je connaissais pas la moitiĂ© des plats & ingrĂ©dients prĂ©sentĂ©s :
Gansu : province aride et en partie musulmane (ethnie Hui) au Nord de la Chine. On y mange beaucoup de nouilles de blĂ©, de mouton et du spicy. Le plat emblĂ©matique : les nouilles de Lanzhou au boeuf (ć °ć·æéą)
Yunnan : aux portes de la Birmanie, Laos et Vietnam, cette rĂ©gion immense (60% du territoire français) est dâabord connue pour ses minoritĂ©s ethniques, ses magnifiques riziĂšres, son thĂ© Puâer et le jambon de Xuanwei, qui nâa rien Ă envier aux meilleurs jambons ibĂ©riques. Dans le sud de la rĂ©gion, on y trouve une abondance dâherbes, de champignons et de fruits. Le plat emblĂ©matique : Nouilles de riz qui traversent le pont (èżæĄ„米çșż)
Chaoshan : rĂ©gion Ă lâextrĂȘme est de la province de Canton, Chaoshan est lâun des berceaux de la diaspora chinoise mais aussi un ovni culinaire dans la cuisine cantonnaise. Haut lieu des foodies en Chine, la rĂ©gion est connue pour ses fruits de mer et 1000 autres choses. Le plat emblĂ©matique (difficile Ă choisir) : les huĂźtres grillĂ©es (çç§è) mais aussi en vapeur, sautĂ©es ou sĂ©chĂ©es.
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A bite of China / èć°äžçäžćœ (2012)
đ€ Pourquoi : lâĂ©mission de rĂ©fĂ©rence sur la cuisine et la culture chinoise
đș OĂč regarder : sur Youtube. En anglais ou VO avec sous-titres anglais, sauf la derniĂšre saison dispo uniquement en VO
đ Un Ă©pisode pour commencer : les â3 repasâ qui retracent les repas pris dans une journĂ©e dans diffĂ©rents rĂ©gions. Certains plats populaires (jian bing de Tianjing, les nouilles de Chongqing ou de Wuhan, le Yam Cha de Guangzhou) et dâautres moins. La voix nasale du doublage en anglais est assez insupportable mais je nâai pas trouvĂ© mieux..
đ€© Note : âïž âïž âïž ou âïž âïž âïžâïž âïž selon mood
Sans doute la sĂ©rie documentaire la plus connue et la plus influente sur le sujet. âA bite of Chinaâ est Ă la hauteur de son ambition. PortĂ©e par CCTV (la chaine dâEtat), lâĂ©mission est un immense succĂšs critique et populaire en Chine et explose tous les records dâaudience.
Par rapport au standard actuel, âA bite of Chinaâ nâest pas vraiment une Ă©mission culinaire mais plutĂŽt qui sert de la cuisine comme prĂ©texte pour aborder la culture, lâhistoire et le savoir-faire. Ajouter Ă cela un langage plutĂŽt soutenu et un ton assez sĂ©rieux, certains Ă©pisodes peuvent paraitre un peu ennuyeux voire difficile Ă saisir si on ne parle pas chinois.
Mais il faut reconnaitre quâil y a aucune Ă©mission qui dresse une fresque aussi dĂ©taillĂ©e et presque poĂ©tique sur les repas en Chine. De lâaveu du rĂ©alisateur CHEN Xiaoqing (le fameux), lâĂ©mission âne sâintĂ©resse pas aux plats des chefs mais Ă ce que mangent les gens ordinairesâ (æ仏èŠææçäžæŻććšćèïŒèæŻæźéäșșç柶枞è). Pour cela, lâĂ©quipe de tournage a sillonnĂ© toute Chine Ă la recherche des mĂ©thodes traditionnelles, des ustensiles artisanaux et des ingrĂ©dients locaux. La premiĂšre saison contient que 7 Ă©pisodes mais a nĂ©cessitĂ© 13 mois de tournage dans 70 localitĂ©s diffĂ©rentes.
Le nom des Ă©pisodes est intĂ©ressant Ă souligner : Ă la fois Ă©vocateur et Ă©vasif. La saison 1 dĂ©bute avec âles cadeaux de la natureâ (èȘç¶çéŠè” ) pour aborder les ingrĂ©dients spĂ©cifiques Ă chaque rĂ©gion. Tandis que la saison 2 commence avec "Les pasâ (èæ„), une mĂ©taphore sur les transformations de la sociĂ©tĂ© et lâimpact sur les ingrĂ©dients et les plats.
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Exploring China: A Culinary Adventure (2012)
đ€ Pourquoi : une Ă©mission relativement accessible pour tous
đș OĂč regarder : sur Dailymotion, en anglais uniquement
đ Un Ă©pisode pour commencer : lâĂ©pisode sur le Yunnan et Kashgar pour dĂ©couvrir la cuisine des minoritĂ©s ethniques en Chine
đ€© Note : âïž âïž âïž
Le pitch de ce documentaire en 4 épisodes est à priori intéressant. 2 présentateurs aux origines chinoises reviennent sur leur terre pour (re)découvrir les traditions culinaires. Le chef Ken Hom, qui a grandi à Chicago, fût le Julia Child (toute proportion gardée hein) de la cuisine chinoise sur la BBC dans les années 80. Tandis que Ching He Huang, une food writer taiwanaise, a grandi au UK.
Les 2 compĂšres sâembarquent dans un voyage qui les emmĂšnent Ă Beijing, Sichuan, Guangzhou et dâautres rĂ©gions moins connues comme Yunnan et Kashgar. LâĂ©mission se regarde facilement mĂȘme si le montage est un peu maladroit (manque de spontanĂ©itĂ©), les dialogues un peu weird (Mlle Ching qui est essaie de tout expliquer mais donne en mĂȘme une impression de pas toujours maitriser le sujet) et surtout on voit pas souvent les locaux cuisiner. En effet, câest surtout les 2 prĂ©sentateurs qui cuisinent tout le temps, partout. Ăa partait surement dâune bonne intention mais il y a un cĂŽtĂ© trĂšs show off.
Mon jugement semble un peu sĂ©vĂšre car je mâattendais Ă autres choses vu le profil des 2 prĂ©sentateurs mais il faut se rappeler que lâĂ©mission est produite par BBC et destinĂ©e Ă un public qui ne connait sans doute rien Ă la cuisine chinoise.
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Breakfast China / æ©é€äžćœ (2018)
đ€ Pourquoi : la meilleure Ă©mission, tout simplementâŠ
đș OĂč regarder : ⊠mais dispo uniquement en chinois, sur Youtube
đ Un Ă©pisode pour commencer : tous les Ă©pisodes ! Ces bao zi grillĂ©s du Xingjiang par exemple, je le sens dâici !
đ€© Note : âïž âïž âïž âïž âïž
Si Breakfast China Ă©tait dispo au moins avec des sous-titres en anglais, elle serait en top de cette liste et de loin ! Pour vous rassurer, le format est trĂšs accessible mĂȘme sans rien piger au Chinois : une ville, un stand, un petit dej typique, le tout dure 5 mins (trĂšs social-media friendly). Disons que câest un peu comme survoler un manga sans lire le texte (en mieux quand mĂȘme hein).
Incomparable aux documentaires Ă gros budget mentionnĂ©s au-dessus comme âa bite of Chinaâ ou âLâorigine des saveursâ, Breakfast China aborde cependant de 2 sujets qui me tiennent Ă coeur : les petit-dej chinois et les gens (qui tiennent ces stands).
Pour tous ceux qui ont grandi ou vĂ©cu en Chine, le petit dĂ©jeuner est un dĂ©clencheur dâĂ©motion et de nostalgie, quasi instantanĂ© quand jây pense. Le dicton âmanger le matin comme un roiâ prend vraiment tout son sens lĂ bas car il nây a rien de comparable en Occident.
Sâil y a une variĂ©tĂ© incroyable, les petits dej en Chine possĂšde quelques traits communs : chauds, salĂ©s et on les trouve dehors. Outre les classiques bao zi, congee et you tiao, on peut dĂ©guster des crĂȘpes, des soupes de nouilles, du riz, des bouillons, des bouchĂ©es vapeurs, des boissons Ă base de soja ou des bao sous toutes ses formes. Il arrive parfois que le sucrĂ©, le spicy ou lâaciditĂ© prennent le dessus et jouent les rĂŽles principaux. Bref, il y a de quoi faire 10 saisons sans manquer de sujets !
La plupart de ces plats prennent du temps Ă faire (dâoĂč lâintĂ©rĂȘt de manger dehors) et chaque stand / resto est souvent spĂ©cialisĂ© dans un seul plat. Le mĂ©tier est physique et difficile, sans doute mĂȘme en train de disparaĂźtre avec la montĂ©e des chaines de petit dej ou des convenience store comme Family Mart et 7-Eleven, ouverts 24/24.
Chaque Ă©pisode suit ce cycle de travail, de lâaube jusquâĂ midi (parfois plus tard encore) et termine avec un mini portrait des patrons. Des gens simples qui offrent des repas simples. Mais sans eux, les matins seraient tellement plus tristes.
Enfin, petit message pour ceux qui se sont inscrits Ă cette newsletter depuis le dĂ©but : je vais reprendre petit Ă petit ici car Instagram ne comble pas mon envie de traiter des sujets de fonds. Je vais publier uniquement quand jâai un truc intĂ©ressant Ă dire, histoire de ne pas encombrer inutilement vos boites mails :)